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Le jeu de la réalité et de la fiction
L’exposition débute par une introduction au courant pionnier du Gulf futurism (« futurisme du Golfe ») formulé par Sophia Al-Maria et Fatima Qadiri en 2012 : un questionnement inquiet de l’hypermodernisation accélérée à l’œuvre dans la région et de son corrolaire l’hyperconsumérique, à l’image du gigantesque mall labyrinthique revisité par Sophia Al Maria.
Autre jeu narratif explorant des mondes parallèles ou amplifiés, ceux de Meriem Bennani et Sara Sadik, créatrices d’installations et environnements immersifs associant avec humour références à la pop culture mondialisée et représentations de la culture et de l’histoire marocaines ou de la culture maghrébine en France. Les voitures volantes de la série photographique rétrofuturiste de Skyseeef participent de ce même quotidien augmenté.
Certains artistes s’inscrivent, pour la subvertir et l’imbriquer dans le présent et dans des visions d’avenir, dans l’esthétique SF vintage des voyages intergalactiques apparus dans les fanzines des années 30. Ainsi d’Ayham Jabr, qui s’est fait connaître avec une série réalisée en 2016 dans Damas assiégée, et de Mounir Ayache avec son installation composée de sculptures 3D, de tirages numériques et d’un jeu vidéo qui immerge les visiteurs dans le voyage imaginaire de Hassan al-Wazzan (Léon l’Africain). Quant à Gaby Sahhar, c’est à une réflexion sur la déshumanisation du monde moderne qu’il nous invite avec sa peinture grand format d’une société standardisée, vouée à l’acier.
Futurs hybrides
La section des « Futurs hybrides » ouvre les portes de l’anticipation et des nouveaux possibles. Hybridations, écriture des mythes, nouvelles humanités, mondes fantastiques et post-apocalyptiques… : ces futurs sont ceux des revendications radicales du changement, du refus des paradigmes actuels et des modèles patriarcaux, capitalistes, expansionnistes qui ont organisé les sociétés humaines.
Sorcières, femmes à antennes et autres visages volants de Neïla Czermak Ichti exposent l’altérité étrange, la monstruosité désirable et son existence en chacun de nous. Tarek Lakhrissi fait acte de « réparation poétique » avec ses démons rendus à la sérénité. Le transhumanisme, ici possible négociation entre l’humain et l’étrange, le merveilleux, le fantastique, se fait dans l’œuvre vidéo d’Ayman Zedani nouvelle philosophie de la matière animée, mariant organismes vivants et non vivants.
Larissa Sansour, Aïcha Snoussi ou Hicham Berrada proposent une réflexion poétique à l’intersection de la science-fiction, de l’archéologie et de la politique. En mettant en œuvre un mythe – politique pour Sansour, queer pour Snoussi, technologique pour Berrada –, leur travail se fait intervention historique, entre invention du passé et critique du présent.
C’est sur le motif essentiel de l’écologie que se referme l’exposition. Mondes organiques de Berrada, qui applique la symétrie bilatérale propre à l’animal à des formes minérales, se jouant des limites terrestres entre matière organique et inorganique. Mondes à venir de Zahrah Al Ghamdi, dont les assemblages de centaines de pièces de cuir grignotent sols et murs, tel un nouvel organisme vivant dont la prolifération témoignerait d’une adaptation réussie. Une vision de la résilience d’une terre post-humaine ?
Commissaire : Élodie Bouffard - Commissaire associée : Nawel Dehina
Date:
Du Mardi 23 Avril au Dimanche 12 Janvier
Adresse:
L'Institut du Monde Arabe
1, rue des Fossés-Saint-Bernard
75005 Paris
Information ville de Paris
Contenu publié sur le site quefaire.paris.fr