Exposition : le fonds Robert Morel à la bibliothèque Sainte-Geneviève

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Exposition : le fonds Robert Morel à la bibliothèque Sainte-Geneviève (1/1)
Dans le cadre de l'année thématique Gastronomie Cuisine 2024, le département de la Réserve de la bibliothèque Sainte-Geneviève présente un cycle d'expositions sur le fonds Robert Morel.

Si le travail de Robert Morel a constamment été placé sous le signe de la créativité et de l’exploration de formes originales, si son œuvre est constellée de pièces uniques, ses entreprises éditoriales se sont très souvent rassemblées au sein de collections aux contours bien définis, telles que les séries « O » et « Célébration », appelées à un succès durable. L’apparent paradoxe qui voit des collections très homogènes accueillir des ouvrages aussi singuliers est au cœur de la recherche de Morel sur le livre : objet simple doté d’une étrange puissance, fruit d’une inspiration géniale et d’un labeur permanent, à la fois presque absolument banal et presque absolument unique.

Ces collections sont le lieu d’une expérimentation sans cesse renouvelée sur l’aspect des livres, une recherche patiente et structurée. Elles constituent une fidèle clientèle parmi les lecteurs et les bibliophiles et offrent à leur maître d’œuvre la possibilité de réunir les auteurs les plus célèbres et les plus jeunes espoirs de la littérature. Le travail par collections au long cours (78 titres dans « Célébration », 70 dans « O ») illustre bien les traits saillants de la déontologie éditoriale de Robert Morel : persévérance, fidélité à ses auteurs, fidélité à ses lecteurs. Ces séries permettent aussi à l’éditeur de développer et d’enrichir son travail dans les domaines qui, années après années, attisent son inépuisable curiosité : c’est le cas, notamment, de la cuisine et des traditions régionales et populaires.

Très tôt, des premières traces de ce double intérêt apparaissent dans des collections non encore consacrées exclusivement à la gastronomie, en particulier dans la Cuisine paléolithique, publiée « pendant les seuls jours de l’année où tout se mange » en 1964 dans la collection « L’Originale » et couvert à l’imitation d’un torchon, avec un anneau qui doit servir pour « suspendre ce livre dans votre cuisine, entre le chapelet d’ail, les bonnes herbes et les saucissons ». Déjà dans cet ouvrage de Joseph Delteil émergent les lignes de force qui conduisent par la suite le travail de Robert Morel dans le domaine de la cuisine : l’intérêt pour les plats simples, les traditions vivantes, la vie naturelle, en somme, selon les mots de Delteil : « la cuisine brute, comme il y a un art brut ».

Ces principes guident aussi les auteurs édités dans deux collections de la fin des années 1960, les « Arts et traditions populaires » et la « Cuisine rustique ». Dans la collection « Arts et traditions populaires », aux côtés du Livre des remèdes ou encore du Livre des prophéties, Morel et ses écrivains explorent une cuisine simple, faite de soupes, de salades, de confitures. Recettes connues et inconnues se succèdent et se répondent dans des ouvrages dont la forme même rend un premier hommage aux aliments concernés : ainsi du Livre des salades aux feuilles découpées comme les bords d’une laitue, du Livre des confitures couvert du cuivre des bassines de confituriers, du Livre des boissons percé de part en part à l’aide d’un bouchon de liège, du Livre des épices orné sur la tranche d’un plant de safran ou du Livre des soupes, rond et blanc comme un bol.

Dans la « Cuisine rustique », l’éditeur visite la France région par région, et le monde pays par pays, à l’imitation des guides de tourisme gastronomique qui fleurissent depuis l’entre-deux-guerres. Les auteurs sont des « locaux », mais on note aussi la fidélité de l’éditeur à ses collaborateurs dans la relation instaurée avec Hélène Couffignal, qui signe la Cuisine lorraine, la Cuisine basque et, dans les « Traditions populaires», la Cuisine des pauvres. Ce dernier aspect de la gastronomie dépouillée et naturelle est particulièrement cher à Robert Morel qui garde, jusqu’à la fin de sa carrière d’éditeur, l’idée d’approfondir le sujet. En 1983, alors que les difficultés financières obligent depuis plusieurs années Robert Morel à limiter ses ambitions, il se lance dans un important projet de collection, confiée à Nathalie Lasserre et intitulée « La cuisine du pauvre ». Dans la lignée des ouvrages d’Hélène Couffignal et de Joseph Delteil, il s’agit de petits livres de recettes, dédiés à une région ou à une tradition culinaire particulière et confiée à un auteur spécialiste du sujet. Au cours de l’année 1983, la réflexion avance, d’un côté comme de l’autre, et la rédaction aussi : les contrats, les essais de préfaces et les recherches documentaires soigneusement gardés par l’éditeur dans ses archives en attestent. La série doit être l’occasion de rééditer des publications plus anciennes, et notamment la Cuisine paléolithique, accompagnées par un grand nombre de nouveaux titres imaginés par Morel et Lasserre : ils prévoient ainsi de confier la Cuisine du pauvre de la Guadeloupe à Simone Schwarz-Bart, et la Cuisine du pauvre tibétain à Alexandra David-Néel, et pensent déjà à l’avenir de la collection avec des titres tels que La cuisine du pauvre célibataire et La cuisine du pauvre con. Le projet n’aboutira finalement jamais, l’année 1984 marquant les dernières publications de textes inédits par Morel.


Date:
Du Mercredi 25 Septembre au Vendredi 13 Décembre


Adresse:
Bibliothèque Sainte-Geneviève
10 place du Panthéon
75005 Paris

Information ville de Paris
Contenu publié sur le site quefaire.paris.fr
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