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L’art de pleurer la bouche pleine et de mentir comme un arracheur de dents !
Publié le 22/10/2024
Nous sommes saoulés de propagande patronale. Pendant l’été, il y a eu la levée de boucliers contre le Smic à 1 600 € net. Des grands patrons, des politiciens et leurs chiens de garde médiatiques qui gagnent chaque jour 1 000, 2 000, et même 100 000 euros dans le cas du PDG de Stellantis, nous ont expliqué qu’un tel Smic allait ruiner les entreprises, provoquer des millions de chômeurs et mettre l’économie à genoux.

À peine nommé, Barnier a lancé sa campagne d’intox sur la dette de l’État : avec 3 200 milliards de dette, le pays serait au bord du gouffre, et nous sommes tous accusés d’être des enfants gâtés. Comme s’il n’y avait pas, d’un côté, des milliardaires plus riches que jamais, et de l’autre tous ceux qui triment du matin au soir, parfois sans arriver à joindre les deux bouts !

Et voilà maintenant une nouvelle salve de propagande, autour de la « crise de l’industrie ». Le salon de l’Auto a, en effet, été l’occasion d’un intense bourrage de crâne faisant croire que la filière allait très très mal. Le PDG de Renault, Luca de Meo, a affirmé que son groupe était « en mode survie ». Tavares, le PDG de Stellantis, a annoncé avec fracas que sa marge opérationnelle a été divisée par deux. Le Figaro a carrément parlé de « la descente aux enfers de Stellantis ».

Ce sont des menteurs. Ils crient avant d’avoir mal. La prétendue « descente aux enfers de Stellantis », c’est d’avoir réalisé 5,6 milliards d’euros de bénéfices pour le premier semestre 2024, au lieu du record de 11 milliards pour la même période de 2023. Si certains constructeurs ont produit moins de véhicules, ils les ont vendus à des prix bien plus élevés. Acheter une voiture neuve coûte en moyenne 8 000 à 10 000 € de plus qu’en 2019. Et de fait, les profits continuent d’être au rendez-vous.

Les lamentations sur les incertitudes liées à la voiture électrique et la concurrence chinoise, ont deux objectifs. Le premier est de pousser les travailleurs à se résigner aux plans de licenciements et aux fermetures d’usines qui se multiplient. C’est d’autant plus important, qu’en plus de la purge en cours chez nombre de leurs sous-traitants et fournisseurs, les constructeurs projettent de fermer des usines historiques, telle celle de Poissy dans les Yvelines pour Stellantis.

Leur second objectif est d’obtenir des rallonges de subventions de la part de l’État. Car même si le gouvernement veut diminuer les dépenses de l’État, les capitalistes n’entendent pas renoncer à leurs rentes publiques. Eh bien, cela s’appelle des rapaces ! Tous ces grands groupes brassent des milliards, mais ils n’en ont jamais assez.

L’équipementier Valeo a annoncé la fermeture de trois sites, en Isère, dans la Sarthe et dans les Yvelines, rayant 1 200 emplois de la carte. Ce groupe a doublé le dividende versé aux actionnaires et s’est vanté d’avoir augmenté de 11 % son chiffre d’affaires. Avec 184 usines dans le monde pour plus de 100 000 salariés, il aurait de quoi répartir le travail entre tous ses sites et n’en fermer aucun.

Michelin menace de fermer ses usines de Cholet, Joué-les-Tours et Vannes. Airbus a annoncé 2 500 licenciements. Avec 3,6 milliards de bénéfices en 2023 pour le premier et 4 milliards pour le second, ils pourraient maintenir intégralement les emplois et tous les salaires, y compris de leurs sous-traitants ou de leurs fournisseurs, qu’ils forcent aujourd'hui à mettre la clé sous la porte.

Des productions seraient devenues inutiles avec le moteur électrique Il y aurait besoin de moins de fonderies Que ces grands groupes proposent d’autres emplois aux ouvriers qui ont travaillé et usé leur santé pour eux et leurs actionnaires ! Qu’ils répartissent le travail entre tous !

Il n’y a pas de fatalité. Les travailleurs ne sont pas voués à se faire écraser par la loi du profit et du grand capital. Ne pas se laisser intoxiquer par la propagande patronale relayée par le gouvernement et la plupart des politiciens est le premier pas pour se défendre.

La classe capitaliste nous impose une vie d’exploitation. Elle jette dans la misère et le chômage une partie de plus en plus grande du monde du travail pour s’assurer des fortunes et des privilèges exorbitants. Contre ce parasitisme et cette irresponsabilité vis-à-vis de l’ensemble de la société, affirmons nos objectifs de travailleurs.

La dette n’est pas celle des travailleurs, mais celle des capitalistes, c’est à eux de payer ! Pas un chômeur de plus dans le pays, répartition du travail entre tous ! Pour maintenir l’emploi et augmenter les salaires, réquisition des profits et des dividendes !

Nathalie Arthaud

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