Ci-dessous la première revue de presse du CHAS.
Vaccination. Histoire d'un consentement, Gaëtan THOMAS, Seuil, coll.l'univers historique, 2024
Alors que la défiance vis-à-vis des vaccins fait régulièrement les gros titres, l'observation des comportements montre une tout autre réalité avec des taux de vaccination très élevés dans la population française. Comment expliquer cet apparent paradoxe et que dit-il du rapport entre individus et autorité médicale ?
Retraçant l'histoire de la vaccination en France depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, au moment où se mettent en place les structures qui définissent aujourd'hui encore la santé publique, Gaëtan Thomas enquête sur le travail scientifique, les mutations du pouvoir sanitaire et l'influence des organisations internationales. Au cours de cette période, la vaccination change d'échelle, aussi bien en termes de nombre de personnes vaccinées que de pathologies couvertes. Le consentement des individus, désormais en première ligne dans la défense d'une santé collective, pose un défi de taille aux médecins et politiques qui mettent en œuvre une série de stratégies pour le garantir.
À partir des années 1980, le retour de la menace infectieuse – du VIH Sida au Covid 19 –, les scandales et affaires, ainsi que l'explosion du prix des produits pharmaceutiques nourrissent fantasmes, angoisses et spéculations. Mais, si les polémiques donnent de l'ampleur au phénomène de l'« hésitation » vaccinale, de nouvelles injections n'en continuent pas moins à entrer en usage.
Ambroise Paré. Le père de la chirurgie, Jean-Noël FABIANI-SALMON, Vincent WAGNER, Pierre BOISSERIE, les Arènes BD, 2023
L'Incroyable histoire d'un chirurgien hors normes
Né sous Louis XII, mort sous Henri IV, Ambroise Paré est une légende de la chirurgie française. Simple barbier parti de rien, il vit sur le champ de bataille, opère à tour de bras les blessés par armes à feu, crée des instruments, ligature les artères et devient chirurgien du roi.
Franc, râleur, frondeur, français jusque dans son arrogance, sympathisant protestant en pleine guerre de religion, il conteste les livres de ses aînés et de ses pairs, ignore le latin que prône la Faculté et respecte la Bible. Au roi Charles IX qui, au moment d'être opéré lui demandait de le soigner avec plus d'attention que les gueux, on prétend qu'il répondit : " C'est impossible, Sire ! Je soigne les gueux comme des rois ! "
Maisons d'aliénés ou colonies familiales, la société face à la folie, avec Marie DERRIEN et Anatole LEBRAS, épisode 1/3 soigner la folie, le cours de l'histoire, France culture, 2024.
Au 19e siècle, les asiles d'aliénés se généralisent pour offrir un traitement aux malades autant que pour maintenir l'ordre. Comment la folie était-elle perçue ? Quelles alternatives à l'internement ont été expérimentées ?
Enfermer et isoler pour soigner. Au tournant du 19e siècle, des médecins influencés par les idées des Lumières se penchent sur le sort particulier des "insensés", ainsi que sont alors nommés les hommes et les femmes atteints de maladie mentale, de démence sénile ou encore d'alcoolisme. Jusqu'alors, il est coutume de les incarcérer aux côtés des criminels, des mendiants, des vagabonds et des prostituées.
La loi du 30 juin 1838 ordonne à chaque département français d'organiser l'assistance à celles et ceux qu'on appelle désormais "aliénés". Elle répond à une volonté double, à savoir celle de procurer des soins aux malades et de maintenir l'ordre. Cette mesure suit la doctrine de "l'isolement thérapeutique", théorisée par le médecin aliéniste Étienne Esquirol – élève de Pinel – selon lequel il est nécessaire de couper les aliénés de leur environnement habituel pour les soigner.
Le Handicap : une réalité plurielle, Georges Vigarello est l'« Invité des matins », France Culture va plus loin, mercredi 28 août 2024.
- Georges Vigarello, historien et philosophe, directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales, membre du CHAS
Au cours de l'histoire, les mots pour désigner le handicap ont évolué. Ces mots s'inscrivent traditionnellement dans la désignation de ce qui relève du normal ou de l'anormal, explique Georges Vigarello.
« Les mots se sont progressivement atténués pour parler de ce qui est de l'ordre de l'intolérable, pour prendre davantage en compte la souffrance. On a d'abord parlé d'infirmité puis de déficience, pour passer ensuite à la notion de handicap, puis, même, de « situation de handicap » qui est un mot plus respectueux. Reste que ces situations peuvent être aussi vécues comme quelque chose qui est de l'ordre du normal. C'est ça, le véritable enjeu, estime l'historien. Dans le cadre des Jeux paralympiques, certains athlètes considèrent que la façon dont ils sont désignés n'est pas idéale. (…). C'est de l'ordre de la réalité personnelle. »