Dans un contexte de hausse des infections sexuellement transmissibles (IST) observée en 2021, en 2022 et confirmée en 2023 par Santé publique France, le dépistage demeure un outil essentiel pour lutter contre ces infections. Afin de répondre à cet enjeu de santé publique, le ministère chargé de la Santé annonce la mise en œuvre, à compter du 1er septembre 2024, d'une nouvelle mesure permettant le dépistage de quatre nouvelles IST à la demande du patient et sans ordonnance, pris en charge à 100% pour les moins de 26 ans, et à 60% pour le reste de la population.
Les nouvelles IST concernées par un dépistage sans ordonnance en laboratoire
Quatre nouvelles IST sont incluses dans ce dispositif, à savoir chlamydia trachomatis, gonocoques, syphilis et l'hépatite B, en plus du dépistage du VIH, déjà possible sans ordonnance en laboratoire de biologie médicale depuis le 1er janvier 2022. C'est une avancée notable dans l'accès au dépistage des IST.
Cette mesure vient enrichir l'offre déjà proposée du dépistage du VIH sans ordonnance (VIH TEST), qui a permis de toucher des populations qui ne se faisaient pas dépister par ailleurs via les circuits habituels de dépistage. L'objectif de cette nouvelle mesure est de réduire les occasions manquées de prévention contre le VIH, des IST et des hépatites, en dispensant du recours à une prescription médicale qui peut parfois être un frein pour certaines personnes.
En renforçant encore l'arsenal des outils de prévention disponibles il s'inscrit dans une volonté plus large de protéger la santé sexuelle de l'ensemble de la population et de réduire la transmission des infections. Toutefois, le dépistage ne constitue qu'un des piliers de cette prévention, aux côtés de la vaccination et des mesures-barrières qui s'appliquent par exemple au virus mpox, et, bien entendu, aux campagnes d'information et de sensibilisation qui constituent des alliés précieux d'une santé sexuelle épanouie et sûre.
Comment bénéficier de ce dépistage ?
Le patient souhaitant bénéficier du dépistage peut se rendre en laboratoire de biologie médicale (de ville ou hospitalier). Il remplira un auto-questionnaire destiné à déterminer les IST et les sites de prélèvement concernés selon sa situation. Le dépistage inclura, en plus du VIH, les infections suivantes : chlamydia trachomatis, gonocoque, syphilis et hépatite B.
En cas de résultat positif, le biologiste médical informera le patient par téléphone ou lors de la venue du patient en laboratoire, et l'accompagnera vers la prise d'un rendez-vous médical auprès des structures et professionnels de santé les plus appropriés : médecin généraliste, sage-femme, CeGIDD (centres d'information, de dépistage et de diagnostic) ou structure hospitalière.
Cette généralisation du dépistage sans ordonnance sera accompagnée de nouvelles pratiques :
- Les comptes-rendus de résultats, qu'ils soient positifs ou négatifs, incluront des messages-clés sur la prévention en santé sexuelle ;
- Le biologiste aura également pour rôle de promouvoir les modalités de « notification au(x) partenaire(x) », comme recommandé par la Haute Autorité de Santé depuis 2023, en encourageant la personne avec un résultat positif à informer son ou ses partenaires à se faire dépister afin de casser les chaines de contamination.
Ce dispositif vient compléter les dispositifs existants, tels que le dépistage sur prescription médicale et le dépistage gratuit dans les centres d'information, de dépistage et de diagnostic (CeGIDD).
Modalités de prise en charge du dépistage
La mesure est applicable à l'ensemble des personnes disposant de droits ouverts à la sécurité sociale (droit de base et AME) : chaque personne pourra aller directement en laboratoire de biologie médicale pour bénéficier d'un dépistage des IST sans ordonnance.
La prise en charge par l'assurance maladie est de 100% pour les moins de 26 ans. Le coût de ces examens pouvant constituer un frein financier particulièrement pour cette catégorie de personnes, cette couverture intégrale permet d'encourager les plus jeunes à aller se faire dépister.
Au-delà de 26 ans, la prise en charge par l'assurance maladie sera de 60 %, la somme restante étant couverte par les complémentaires santé responsables.
Un déploiement encadré par une communication dédiée
Les comptes-rendus de résultats, qu'ils soient positifs ou négatifs, incluront des messages-clés sur la prévention en santé sexuelle. Ces messages de prévention concerneront les différents moyens de protection contre les IST, l'accès à une contraception d'urgence, les numéros d'urgence pour les situations de violences, et le numéro de Solidarité Info Sida.
Pour garantir une mise en œuvre efficace du dispositif, une campagne de communication, pilotée par l'assurance maladie, sera déployée auprès des laboratoires de biologie médicale, des professionnels de santé concernés et du public via le site Ameli.fr, sur lequel l'ensemble des procédures à destination des biologistes médicaux sera disponible. Des kits de communication seront mis à disposition des laboratoires dans le but d'informer la population de cette nouvelle offre de dépistage.