Les émissions de gaz à effet de serre présentent un coût implicite qui n'apparaît pas dans les indicateurs macroéconomiques usuels. Ce coût implicite recouvre à la fois les dommages induits par le dérèglement climatique et le coût à payer pour décarboner les productions et ainsi éviter des dommages futurs encore plus importants.Des premiers travaux se sont intéressés à la manière de prendre en compte ces phénomènes dans un cadre de comptabilité nationale. L’Insee apporte par ce document sa contribution à ces recherches. Il ne s'agit pas à ce stade de figer un nouveau cadre de production récurrente mais d'en esquisser une voie possible, pouvant alimenter le débat méthodologique et évoluer avec celui-ci.Dans la démarche de comptabilité nationale augmentée ici proposée, la reconnaissance du coût implicite, si elle ne modifie pas la mesure du produit intérieur brut (PIB), conduit à revoir à la baisse celle du produit intérieur net (PIN). Cet ajustement est représentatif des effets des émissions résidentes sur l’épuisement du « capital climatique » et la diminution du « budget carbone ». Il est évalué à 4,1 % pour la France en 2023 (5,5 % en prenant en outre en compte les effets du réchauffement sur la santé et la mortalité). Compte tenu toutefois du recul des émissions résidentes, cet ajustement baissier devient moins important au fil des années : la croissance en volume du produit net ajusté est supérieure, de 0,3 point en 2023, à celle du produit net usuel.L’épargne nette de la France, qui mesure la valeur du produit courant légué aux générations futures, est également ajustée à la baisse par la reconnaissance du coût implicite aux émissions. Elle est ainsi négative sur les années récentes, et évaluée à -133 milliards d’euros en 2023, ce qui signale un manque de soutenabilité de l’activité courante. Le coût actualisé total restant pour décarboner l’économie est estimé à 929 milliards d’euros.