ORAN - Dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre 1954, les différentes régions de la wilaya V historique (wilayas de l’Ouest) furent le théâtre de diverses opérations militaires exécutées par les valeureux moudjahidine de la région.
Les opérations militaires intervenaient en exécution des ordres du Front de libération nationale (FLN), annonçant ainsi un processus irréversible vers le recouvrement de la souveraineté nationale et l’affranchissement du peuple algérien du joug colonial, selon Dr Mohamed Bendjebbour, directeur du Laboratoire de recherche sur l’Histoire de l’Algérie, sources et biographies, relevant de l’Université d'Oran- 1 "Ahmed Benbella".
Dans un entretien accordé à l’APS, Dr Bendjebbour précise que le Chahid Abdelmalek Ramdane, qui fut chargé par le Chahid Larbi Ben M'hidi de superviser la mise en place et l’organisation des cellules de la Révolution dans la région de Mostaganem et ses environs, a exécuté, en compagnie d’autres Moudjahidine, le 31 octobre 1954 aux environs de 22 heures, une audacieuse opération ayant ciblé des colons français et leurs biens dans la région de Sidi Ali, qui faisait partie de la zone (mintaka) de la wilaya V historique.
L’opération s’est soldée par l’élimination d’un des colons, appelé François Laurent, qui était l’une des figures du colonialisme français et des ses forces répressives dans cette région du Dahra.
Benabdelmalek Ramdane est tombé au champ d’honneur, quatre jours après cette opération, à laquelle il avait activement participé, selon l’enseignant-chercheur.
Durant la même soirée, les Martyrs Cheriet Ali-Cherif et Souidani Boudejemâa avaient élaboré un plan d’exécution d’une opération qui devait cibler une caserne militaire, sise à Eckmühl, haï Mahieddine actuellement, à Oran.
L’opération a été annulée par les deux Moudjahidine, après que le chauffeur qui transportait, et qui comprenait l’arabe avait deviné leur objectif, en prêtant attention à leur discussion, ce qui les avait contraints à abattre le chauffeur, au moment où il avait tenté d’alerter la police, explique Dr Bendjebbour.
La même source évoque aussi une autre opération menée, le 1er novembre 1954, par les Moudjahidine à Boufatis, situé à une trentaine de kilomètres au sud-est d’Oran, à l’issue de laquelle un soldat de l’armée coloniale a été abattu et son arme saisie.
Enumérant les multiples opérations enregistrées dans la région, durant la même période, Dr Bendjebbour rappelle celle ayant eu pour théâtre le quartier populaire de Sidi El-Houari (Oran), huit jours après le déclenchement de la glorieuse Révolution.
Ce jour-là, deux fidaïs, le chahid Brahimi Abdelkader et Saïm Smaïl ont éliminé deux policiers français, précise le chercheur, indiquant que Brahimi Abdelkader est mort en martyr, tandis que son frère d’arme, Saïm Smaïl avait été arrêté par les forces coloniales à la suite de cette action téméraire.
Le Chahid Ahmed Zahana, dit Zabana, a de son côté et en compagnie d’un groupe de Moudjahidine mené une importante opération au niveau du lieu-dit "La Mare d’eau", dans la commune de Oggaz (Mascara), qui s’était soldée par l’élimination de gardes forestiers et la récupération d’un lot important d’armes, qui devait servir à l’exécution d’autres actions projetées par les Moudjahidine dans cette partie de la wilaya V historique.
Ce "butin de guerre", qui a été acheminé à leur lieu de retranchement à Ghar Boudjlida, près d’El-Gaâda, dans la wilaya de Mascara, par Ahmed Zabana et ses compagnons a été utilisé par les Moudjahidine lors de la rude bataille, dont certains sont tombés au champ d’honneur, qui les avaient opposés à la soldatesque coloniale et lors de laquelle l’illustre Chahid avait été arrêté et emprisonné avant d’être lâchement exécuté à la guillotine, le 19 mai 1956.
L’enseignant-chercheur fait également part d’un fait méconnu, en rappelant que la même région fut le théâtre d’opérations militaires même bien avant le déclenchement de la Révolution, évoquant dans ce sens, l’action exécutée par le défunt Moudjahid Benaoum Benzerga dans la région de Tighenif (Mascara), le 8 mai 1945, en signe de solidarité avec les Algériens sortis à Setif, Guelma et Kherrata, pour manifester pacifiquement leur volonté de se libérer de la domination coloniale.
Le valeureux Moudjahid avait, ce jour-là, saboté les fils téléphoniques reliant les localités de Tighenif et El-Bordj, avant de s’enfuir à Oran et de plonger dans la clandestinité, prenant une part active, quatre ans après à la fameuse attaque de la poste d’Oran planifiée et menée par l’Organisation spéciale (OS).
Le chercheur estime, à ce propos, que l’attaque de la Poste d’Oran, exécutée le 5 avril 1949, par les Moudjahidine Hocine Ait Ahmed, Ahmed Benbella et un groupe d’autres militants nationalistes, la première à avoir été menée dans le cadre des préparatifs de la Glorieuse guerre de libération nationale, dont Ahmed Zabana, Hamou Boutlelis, Mohamed Khemisti, Souidani Boudjemâa et Benaoum Benzerga, est considérée comme étant la 1ère opération militaire pour la préparation de la Glorieuse guerre de libération nationale.
La somme d’argent récupérée à la suite de cette action aussi spectaculaire qu’audacieuse a permis d’acquérir, de l’extérieur, des armes et des munitions ayant servi à doter les premières unités combattantes l’Armée de libération nationale (ALN).
Dr Bendjebbour rappelle que le commandement de la wilaya V historique, qui a offert à la Révolution des milliers de martyrs, a été assuré successivement par le Chahid Larbi Ben M'hidi, Abdelhafidh Boussouf, le défunt président Houari Boumediene, le Chahid Akid Lotfi et Benhaddou Bouhadjar, jusqu’à l’indépendance.