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[Parc Dessay] Des parasoliers à Pontarlier.

Nous avons souvent évoqué la chance que nous avons de disposer à Pontarlier un jardin ancien, construit selon les techniques mises au point par J.B. de La Quintinie. Le grand jardinier agronome ‍de Louis XIV avait inventé des solutions pour optimiser la croissance des fruits et légumes , et il a fallu appliquer ces méthodes onéreuses pour compenser la rudesse du climat de Pontarlier, lors de l’installation des Bernardines dans notre ville à la fin du 17ème siècle. Il n’est plus question aujourd’hui de nourrir des religieuses. Il est cependant possible de cultiver des végétaux qui ne pourraient pas survivre ailleurs dans le Haut-Doubs, grâce aux aménagements anciens et toujours opérationnels dans le jardin devenu le parc Dessay.

Il existe dans les forêts tropicales humides des arbres génétiquement éloignés, mais qui se ressemblent étonnamment, et qui jouent un même rôle. Ce sont les parasoliers (Musanga cecropioides R.Br. ex Tedli) en Afrique, les bois-canon en Amazonie (Cecropia sp.), des Schefflera en Amérique et en Asie… Ces arbres sont caractérisés par des grandes feuilles découpées, un tronc peu ramifié, et une croissance très rapide. Leurs graines attendent qu’un vieil arbre de la forêt primaire tombe. La lumière qui arrive au sol lève leur dormance, et ils poussent très vite. Ils referment la clairière, ce qui sauve le sol fragile de ces forêts, et les graines des arbres de la forêt primaire peuvent germer à leur tour et pousser lentement, pour reprendre leur place progressivement.

Il n’y a pas de parasoliers en climat tempéré, sauf en Asie, où la géographie permet une continuité entre les zones tropicales et tempérées. Des parasoliers ont ainsi pu s’adapter à des climats où un hiver existe, avec des faibles gelées.

Nous avons la chance d’avoir pu acclimater quelques espèces de ces végétaux étonnants dans le parc Dessay. Les hauts murs les protègent de nos pics de froid hivernaux , et la terre rapportée très drainante empêche l’humidité de stagner au niveau de leur racines, autre cause de la perte de plantes fragiles en hiver. Ces plantes sont toutes des Araliaceae, la famille botanique du lierre.

L’aralia (fatsia japonica (Thunb.) Decne. & Planch.) est connue pour être une plante d’appartement, elle peut cependant supporter des gelées raisonnables. Plantée l’année dernière, elle pousse derrière le châtaignier qui la protège de la neige qui abîmerait son feuillage persistant.

L’aralia élevé (Aralia elata (Miq.) Seem.) a un feuillage caduc très découpé. Il s’est acclimaté dans le parc, où il commence à prendre de la hauteur. C’est le plus rustique de tous, il se protège des herbivores par des épines courtes sur son tronc et ses feuilles.

Le plus spectaculaire est l’arbre à papier de riz (Tetrapanax papyrifer (Hook.) K.Koch). Cultivé en Chine depuis très longtemps, il était autrefois utilisé pour fabriquer un papier de très haute qualité avec la moelle de son tronc. Son feuillage remarquable lui donne plus de 2 mètres d’envergure, il est persistant en climat doux, mais pas chez nous, ce qui n’est pas un problème pour lui. Nous l’avons planté il y a plus de deux ans dans l’endroit du parc le mieux protégé du froid, dans l’angle que fait la rue des bernardines avec la maison Chevalier. Il s’est très bien acclimaté, au point qu’il commence à prendre des proportions impressionnantes.

D’ordinaire réservées aux jardins de l’Ouest de la France, aux hivers doux, ces plantes ajoutent une touche exotique surprenante au parc Dessay. Elles illustrent de façon inattendue les talents exceptionnels de J.B. de la Quintinie.
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