[Poème du dimanche]
La terrasse au soleil
Comme tous, j’ai rêvé de conquérir la Ville.
J’avais vingt ans. J’avais une âme de vainqueur.
Je croyais arracher à la Gloire indocile
Tous les baisers, tous les lauriers et tous les cœurs.
Chaque jour, éveillé par l’appel des chimères,
Je frémissais d’impatience sur mon seuil.
Paris m’apparaissait, là-bas, dans ses lumières,
Comme une citadelle ouverte à mon orgueil.
De triomphes parmi la foule qui m’acclame
Et de la griserie exquise des encens
Je m’enivrais déjà. Je portais dans mon âme
Des rêves fous d’imperators adolescents.
-Un soir, que fatigué d’espérer et d’attendre
J’étais allé m’asseoir sur la route d’été,
Une enfant a passé, grave, amoureuse et tendre...
Mes yeux ont rencontré ses yeux. Je suis resté.
Alors, pour moi, la gloire a perdu son mirage.
Mes espoirs ont fleuri vers une autre clarté ;
Je n’ai plus eu devant ma foi que son image,
Je n’ai plus eu d’autre flambeau que sa beauté.
Et parmi la torpeur de la petite ville,
Près de la mer, parmi la lumière et les fleurs,
Je me suis endormi dans mon rêve tranquille,
Bercé d’insouciance et de calmes bonheurs.
Je suis resté. Les voix du sol et de la race
Ont retenu l’essor au moment de l’éveil.
Le Soleil a doré la treille et la terrasse,
Et j’ai chanté devant la Terrasse au Soleil.
Albert Bausil
La terrasse au soleil
Comme tous, j’ai rêvé de conquérir la Ville.
J’avais vingt ans. J’avais une âme de vainqueur.
Je croyais arracher à la Gloire indocile
Tous les baisers, tous les lauriers et tous les cœurs.
Chaque jour, éveillé par l’appel des chimères,
Je frémissais d’impatience sur mon seuil.
Paris m’apparaissait, là-bas, dans ses lumières,
Comme une citadelle ouverte à mon orgueil.
De triomphes parmi la foule qui m’acclame
Et de la griserie exquise des encens
Je m’enivrais déjà. Je portais dans mon âme
Des rêves fous d’imperators adolescents.
-Un soir, que fatigué d’espérer et d’attendre
J’étais allé m’asseoir sur la route d’été,
Une enfant a passé, grave, amoureuse et tendre...
Mes yeux ont rencontré ses yeux. Je suis resté.
Alors, pour moi, la gloire a perdu son mirage.
Mes espoirs ont fleuri vers une autre clarté ;
Je n’ai plus eu devant ma foi que son image,
Je n’ai plus eu d’autre flambeau que sa beauté.
Et parmi la torpeur de la petite ville,
Près de la mer, parmi la lumière et les fleurs,
Je me suis endormi dans mon rêve tranquille,
Bercé d’insouciance et de calmes bonheurs.
Je suis resté. Les voix du sol et de la race
Ont retenu l’essor au moment de l’éveil.
Le Soleil a doré la treille et la terrasse,
Et j’ai chanté devant la Terrasse au Soleil.
Albert Bausil