Robert Tisserand, maire, assassiné il y a 80 ans jour pour jour

Robert Tisserand, maire, assassiné il y a 80 ans jour pour jour (1/1)

Dans cette période de commémoration pour les 80 ans de la Libération de Raon l'Étape, souvenons-nous des femmes et des hommes qui ont marqué notre histoire locale, avec courage et détermination. Ensemble, liés par la même volonté de croire en la liberté, ils ont défié les forces d'occupation ennemies.

Parmi eux :

  • Charles Weill, ancien maire, mort en déportation,
  • l'Abbé Claude, exécuté à Gaggenau,
  • et Robert Tisserand, maire de Raon l'Étape, abattu lâchement par les nazis le 4 septembre 1944.

témoignage bouleversant

Robert Tisserand n'était pas seulement un élu dévoué. Il était un homme engagé, un résistant, un exemple de courage et de loyauté pour sa commune. Avec force, il a choisi de défendre nos valeur républicaines, de résister activement à l'oppression nazie et de protéger les habitants de notre ville. Son sacrifice ultime nous rappelle l'importance et le prix de la liberté, le coût de la démocratie et la nécessité de ne jamais oublier de transmettre ces valeurs aux générations futures. En rendant hommage à l'homme exceptionnel qu'était Robert Tisserand, nous réaffirmons notre attachement aux valeurs de la République : Liberté, Égalité, Fraternité.

Voici le témoignage de Marguerite Deck qui a assisté aux terribles événements à la fin de l'été 1944 : "J’étais à la mairie de Raon l’Étape le 4 septembre 1944 à 17h lorsqu’arriva une auto chargée de 6 Allemands dont 4 montèrent à la salle de la mairie où ils entrèrent à 3 dont 1 civil. Ces 4 Allemands armés chacun d’une mitraillette demandèrent en braquant leurs armes :

"Où est le maire ?". Sur l’indication d’un des employés de la mairie, le maire fut cherché et amené, tout de suite encadré par 4 Allemands et violemment malmené. Il fut conduit directement dans la pièce attenante à celle où nous nous trouvions où tout de suite nous avons entendu des coups portés à Monsieur Tisserand et certainement à l’aide d’une lanière en cuir. L’Allemand qui semblait être leur chef le questionnait brutalement : "Où est le maquis ?", "Qui ravitaille le maquis ?", "À qui appartient la camionnette qui ravitaille le maquis ?", "Qui conduit la camionnette du maquis ?", "D’où était la camionnette ?", "Qui la chargeait ?". C’est la question qui revenait le plus souvent. Au bout d’un moment, un Allemand sort et demande une carte détaillée de la région. On la lui apporte et le questionnaire se poursuit : "Montre la route du maquis !", "écris !", et le tout ponctué de coups. "Où est le maquis ?". La porte s’ouvre une 2e fois et un Allemand demande le garde qui se présente et s’avance. Les Allemands l’emmènent et tout de suite l’on entend les coups qui pleuvent sur Monsieur Poirot. Très peu de temps après, la porte se rouvre et Monsieur Tisserand apparaît entre les Allemands, méconnaissable, les vêtements en désordre et la figure en sang et tuméfiée, des balafres sur la joue. Monsieur Tisserand demande aux Allemands s’ils l’autorisent à revoir sa femme. Il répète trois fois la question, avant que le chef lui réponde brutalement : "Inutile !". Ensuite, voyant que Monsieur Poirot était traité comme lui, Monsieur Tisserand dit en s’adressant au chef allemand : "Je jure sur les cendres de ma mère et devant Dieu que cet homme est innocent et c’est moi seul qui suis responsable de tout. Je demande à en supporter seul les conséquences". Les Allemands l’écoutent et le poussent brutalement vers la sortie. En passant devant nous (MM Valance et Maire, Mlle Coqueret et moi-même), Monsieur Tisserand nous serre la main et nous dit adieu. Les Allemands nous font tous descendre et nous tiennent encadrés par les mitraillettes. Monsieur Tisserand, plus malmené que nous, fut poussé vers le mur et aussitôt mis en joue. Il demande un prêtre, on se moque de lui et on lui refuse. À ce moment passent deux Messieurs de ses amis, Monsieur Tisserand leur dit : "Voyez Messieurs comment meurt un patriote" et il crie "Feu !". Les Allemands tirent, et lui tombe, criblé de balles".

Vous pourrez retrouver ce témoignage parmi d’autres dans le fascicule qui sera bientôt édité pour les 80 ans de la Libération de Raon l’Étape et de ses environs. Cet ouvrage sera réalisé par l"Association Guerre en Vosges", en collaboration avec les archives patrimoniales communales et plusieurs historiens spécialistes de cette période douloureuse.

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