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[RETOUR EN IMAGES] RASSEMBLEMENT POUR LA PAIX.
« C'est qu'au fond, il n'y a qu'une seule race : l'humanité". Les Athégien.ne.s se sont rassemblés ce samedi 21 septembre, Journée mondiale de la Paix, pour exprimer leur soutien à l'arrêt des combats, la libération de tous les otages dans le monde et la fin du calvaire pour de nombreuses populations.

Ce rassemblement pacifique a été l'occasion d'une rencontre avec Anna, réfugiée Ukrainienne, et Fatima, dont une partie de la famille est aujourd'hui retenue par les combats à Gaza. La ville se mobilisera pour elles deux, pour toutes celles et ceux que les drames géopolitiques touchent en plein cœur, ici.

#journeemondialedelaPaix #AthisMons

LE DISCOURS DU MAIRE :

« Je veux vous dire aujourd'hui que jamais nous n’avons été, que jamais depuis quarante ans l’Europe n’a été dans une situation plus menaçante et plus tragique que celle où nous sommes à l’heure où j’ai la responsabilité de vous adresser la parole. » Ces mots ne sont pas les miens mais ceux de Jean Jaurès. Il les a prononcés 5 jours avant son assassinat et 7 jours avant le début de la première Guerre Mondiale. Ils résonnent aujourd’hui dans mon esprit avec force. Tenir jusqu’au bout une position en faveur de la paix alors que tous vous presse de choisir un camp et que les esprits s’échauffent vers la guerre. Tenir, car chaque vie compte et que le chemin de la guerre n’est jamais celui de la justice mais toujours celui de la violence et des tragédies présentes comme à venir.

Ce combat pour la paix c’est le sens de notre engagement politique et l’essence de mon devoir de Maire. Tenir ensemble, faire société. Se rassembler comme nous avons choisi de le faire aujourd’hui, c’est dire tout haut que, malgré nos histoires et nos vies différentes, nos parcours différents, nos convictions, nous nous accrochons à l’idée de bien commun et de concorde. Je suis Maire de 36 000 habitants. Ce n’est pas être le porte-parole de quelques-uns mais le représentant de tous. J’ai bien sûr mes opinions mais quand je parle c’est à tous que je m’adresse au nom des habitants d’Athis-Mons. Je choisis de mettre en avant ce qui nous rassemble et jamais ce qui nous divise. C’est ma responsabilité, notre responsabilité avec l’équipe municipale. Malgré les crises. Malgré le contexte international.

Invasion de l’Ukraine par la Russie, conflit entre Israël et le Hamas, guerre au Soudan, au Yémen mais aussi tensions majeures en mer de Chine, au Cachemire ou dans l’Arctique… L'année 2023 est l'année qui a connu le plus grand nombre de conflits depuis 1946 : pas moins de 59 conflits dans 34 pays. 2024 n’est pas encore terminée mais l’Institut de recherche sur la paix d’Oslo, dans son dernier rapport publié le 10 juin, parle déjà de «troisième guerre mondiale en morceaux». Les lignes de fracture qui déchirent l’humanité aujourd’hui remettent en question l’ordre mondial que nous avons hérité de la Seconde Guerre mondiale.

Cette dernière semaine, nous avons accueilli les élèves de CM1 pour la visite de la Mairie, dans le cadre des journées du patrimoine. Nous leur parlons de citoyenneté, de nos institutions, de notre histoire... souvent marquée par des grands conflits. Nous leur montrons aussi ce drapeau européen. En leur disant combien cette union européenne, cet espace de dialogue politique, de rassemblement a permis à l'Europe de ne plus être le théâtre de conflits depuis près de 80 ans. Depuis 2 ans, la guerre frappe pourtant à notre porte.

Si tous ces conflits nous touchent dans notre humanité, je voudrais revenir sur deux d'entre eux car ils menacent les équilibres par-delà leurs seules frontières. Je veux bien sûr parler du Proche-Orient et de l’Ukraine. L’équipe municipale a déjà eu l’occasion de s’exprimer fortement en faveur de la paix.

En effet, le 5 juin 2024, le Conseil municipal a condamné fermement l’offensive lancée par l’armée israélienne sur Rafah qui a fait plusieurs dizaines de morts dont de nombreux enfants dans un camp de réfugiés et a réitéré sa demande d’un cessez-le-feu immédiat et durable, de libération immédiate de tous les otages, de suspension des livraisons d’armes utilisées par Israël à Gaza et de reconnaissance de l’État de Palestine. La rapporteuse spéciale de l'ONU avait conclu en mars dernier sur le fait qu'il existe "des motifs raisonnables de croire que le seuil indiquant que des actes de génocide ont été commis par le gouvernement israélien a été atteint".

Alors qu’il est décisif de stopper le massacre qui a déjà coûté la vie à plus de 40 000 Palestiniens et des centaines de milliers de blessés après les actes terroristes perpétrés par le Hamas le 7 octobre dernier dont le bilan est de plusieurs centaines de morts et des dizaines d’otages, le Conseil municipal avait répété sa position du 18 octobre 2023 exprimée par la motion « Condamnation du terrorisme, appel au cessez-le-feu et pour une issue diplomatique pour une paix durable entre Israël et la Palestine dans le cadre du droit international » et rappelé le 3 avril 2024 par Madame Odile Linek, maire adjointe, lors d’une prise de parole au nom de la majorité en fin de conseil municipal que la seule solution à ce conflit consiste en la reconnaissance de deux États souverains vivant côte-à-côte en sécurité et qui se reconnaissent mutuellement, seule issue politique digne et conférant aux Palestiniens un État où ils pourront vivre, un État viable et véritable. Aujourd’hui, les Israéliens doivent quitter la Cisjordanie et condamner la colonisation. C’est le prix de la sécurité pour Israël.

Je ne confonds pas les Israéliens ni la communauté juive avec Benjamin Netanyahu, le premier ministre israélien. Obsédé par sa volonté de survivre à ses procédures judiciaires, le Premier ministre israélien a délaissé la sécurité nationale et préféré susciter la haine. Son Gouvernement a une grand part de responsabilité dans l’absence de reconnaissance d'un interlocuteur palestinien légal et responsable pour engager un dialogue constructif et non violent. Ses décisions ont poussé Israël vers un engrenage de la force et une politique de la vengeance qui menace maintenant de s’étendre aux pays arabes voisins. Je crains désormais le pire au surlendemain d’une série d’explosions de talkies-walkies qui a fait 26 morts dont 2 enfants et plus de 3000 blessés à travers le Liban exacerbant les craintes d’une guerre totale avec Israël. L’escalade dans la guerre menée par Israël contre le Hamas a non seulement des conséquences criminelles sur le peuple palestinien mais aussi sur la stabilité et la sûreté de la région sans oublier sur la sécurité des juifs partout dans le monde. Benjamin Netanyahu se trouve actuellement sous le coup d’un mandat d'arrêt demandé par la Cour pénale internationale pour des crimes de guerre et crimes contre l'humanité présumés commis dans la bande de Gaza. Un autre a également été demandé contre les dirigeants du Hamas. Le temps de la justice viendra pour tous.
Aujourd'hui, je veux surtout penser et exprimer ma solidarité pour ces milliers de victimes, tombés des deux côtés du drame. Ces femmes, ces hommes qui pleurent leurs enfants tombés, les innocents tués à Gaza ; ces femmes, ces hommes qui, en Israël, pleurent leurs enfants, leurs proches détenus depuis le 7 octobre.
La guerre au Proche Orient dans sa façon d’exacerber la polarisation du monde fait écho à un autre conflit, l’invasion de l’Ukraine par Vladimir Poutine.

L’agression militaire de la Russie contre l’Ukraine est l’une des plus graves violations de l’ordre de sécurité européen depuis des décennies. Par cette décision, la Russie bafoue le droit international et en particulier la Charte des Nations unies. Une enquête du Wall Street Journal publiée le 17 septembre fait état, après deux ans et demi de guerre en Ukraine, d’un très lourd bilan humain, avec un million de morts ou de blessés ukrainiens et russes, mais aussi de graves conséquences démographiques. Outre les soldats tués au combat, il y a les pertes civiles dont le chiffre reste inconnu et les 6 millions d’Ukrainiens ayant fui le pays. Je voudrais saluer ici les familles Athégiennes qui ont accueillies les premiers réfugiés au début de la guerre. La solidarité dans notre ville n’est un vain mot. Il y a plus de deux ans, nous avions engagé un vaste élan de solidarité pour accueillir nos amis ukrainiens sur notre sol, à Athis-Mons.

À l’heure où la guerre est aux portes de l’Europe et où le Proche Orient s’embrase, je ne regrette pas ce temps ensemble qui ne sert pas qu’à se tenir chaud dans un moment difficile mais aussi à réaffirmer des valeurs universelles.
Et puis, vous savez quoi, je suis très humble et je suis malheureusement convaincu que ce rassemblement n'influera en rien sur les décisions des grands dirigeants de ce monde. Et que nous pourrions les multiplier que cela ne ferait pas bouger les lignes. Ce rassemblement est un symbole fort mais ne doit pas être qu’un symbole.

VIVRE ENSEMBLE. Nous n’arrêterons pas les guerres qui menacent la stabilité du monde aujourd’hui sur cette place mais nous pouvons et devons œuvrer à notre échelle. Oui, il ne suffit pas d'agiter des drapeaux, de soulever des grandes causes. Non, nous pouvons agir concrètement. Pour l’apaisement d'abord. Que ce soit dans nos rues auprès de nos voisins, dans nos relations avec nos amis et notre famille ou au travail. Oui, nous pouvons vivre ensemble. Oui, c'est encore possible. Nous sommes présents ce matin avec nos convictions, nos parcours de vie différents. Mais nous savons que nous devons les dépasser pour vivre ensemble. Ne pas coexister. Vivre ensemble. Oui, c'est possible, dans le respect. La concorde dépend de tous mais c’est la responsabilité de chacun.

POUR ANNA ET FATIMA, AUSSI. Nous pouvons aussi agir, concrètement pour accompagner les populations qui subissent ces conflits, pour mieux les accueillir comme nous avons accueilli Anna en mars 2022. Pour que Fatima, à travers notre mobilisation collective et politique, puisse retrouver ses enfants.

Et puis, demain, nous aurons une responsabilité. Il y a plus de 30 ans, une poignée d'Athégiens sans lien avec l'Europe de l'est, avait estimé qu'il était de leurs responsabilité de participer à la reconstruction de la Roumanie, après 1989, en accompagnant une ville, un projet de protection de l'enfance. Notre soutien a duré 30 ans et nous pouvons en être fiers. Dans quelques mois, années, le plus tôt possible, nous pourrons retourner en Palestine, en Ukraine. Notre responsabilité collective sera, à ce moment-là d'être aux côtés des Palestiniens, des ukrainiens et des pays touchés par les conflits pour la reconstruction. Nous serons au rendez-vous, car c'est notre ADN : l'engagement n'a de sens que s'il se traduit concrètement par l'action.
J’ai trop parlé, faisons court désormais. Ce qui commence avec Jaurès doit finir avec Jaurès. Alors je conclurai avec ses mots qui disent tout simplement les raisons de notre présence ce matin pour la paix, « C'est qu'au fond, il n'y a qu'une seule race : l'humanité. »
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