Depuis plusieurs décennies, les Giornate del Cinema Muto s’efforcent d’élargir le champ d’étude sur le cinéma muet afin que des pays, des thèmes, des cinéastes et des genres ignorés par les chercheurs et les programmateurs s’intègrent enfin à notre conscience collective de l’histoire du cinéma. Il ne suffit pas de connaître Gance et Griffith, Lang et Lubitsch (bien qu’il soit nécessaire de revenir sans cesse aux fondements pour pouvoir les examiner et en élargir la portée). Si nous essayons de comprendre à la fois une forme d’art et la période tumultueuse dans laquelle elle s’est épanouie, nous devons regarder au-delà des frontières, à la fois réelles et métaphoriques. Le festival de cette année a donc repris cette idée et l’a mise en pratique, en présentant aux spectateurs des films d’Ouzbékistan (La Seconde épouse et La Fille du Saint) et de dix pays d’Amérique latine (des bouffonneries burlesques du film brésilien Apuro do Genésio aux précieuses sections survivantes du film mexicain influent Santa), avec des programmes révélateurs dont les répercussions dureront bien au-delà de la semaine de l’événement lui-même.
Parmi les autres films de la sélection de cette année figurent deux longs métrages avec la fascinante Anna May Wong (Dinty, 1920, et Song, 1928) dont les origines chinoises ont entravé sa carrière aux États-Unis jusqu’à ce qu’elle déménage en Europe et trouve (brièvement) les rôles importants qui lui échappaient dans son propre pays. Dans le cadre du programme « Classiques revisités », nous projetons le film de diva italienne par excellence, Rapsodia Satanica (1915/17), ainsi que le film sous-estimé Three Women (1924) d’Ernst Lubitsch. Notre hommage au directeur artistique Ben Carré couvre sa carrière française et américaine, avec notamment La Mort de Mozart (1909) et Pride of the Clan (1917) de Maurice Tourneur, une restauration en cours par la Fondation Mary Pickford. Le film rarement projeté de Louis Mercanton, L’Appel du sang (1919), magnifiquement tourné dans les environs de Taormine, provient de notre programme sicilien, et six courts métrages Biograph réalisés par D.W. Griffith en 1908 mettent en lumière le travail effectué pour ressusciter des films jusque-là connus uniquement grâce à des copies compromises. Un documentaire suédois de 1926 tourné dans l’extrême nord propose des images contemplatives époustouflantes, tandis que le divertissement kitsch de Folly of Vanity (1925) offre un spectacle magnifique. Enfin, la comédie allemande Saxophone Suzi (1928), avec la scintillante Anny Ondra, vous offrira l’un des moments les plus amusants que vous aurez jamais vu au cinéma.
Jay Weissberg, Directeur des Giornate del Cinema Muto
Date:
Le Jeudi 01 Janvier à 01h00
Adresse:
Fondation Jérôme Seydoux-Pathé
73 avenue des Gobelins
75013 Paris
Information ville de Paris
Contenu publié sur le site quefaire.paris.fr