Aux origines du film noir

Aux origines du film noir (1/1)
La Fondation retrace les origines du film noir dans le cinéma muet, avant l’apparition du genre aux débuts du parlant. La programmation présente des titres emblématiques aux côtés d’œuvres plus méconnues qui méritent d’être mises en lumière. Provenant d’origines très diverses, les films explorent les thèmes du crime, de la corruption ou encore de la trahison.

En croisant les caractéristiques esthétiques et thématiques communes aux premiers films de gansters de D. W. Griffith, aux sérials de Louis Feuillade, à l’angoissante noirceur de l’expressionnisme allemand (et son film fondateur Caligari) dont s’inspire le cinéma anglais d’Alfred Hitchcock et d’Anthony Asquith, et la représentation du crime et de la pègre notamment dans le cinéma américain, se dessine l’univers du proto-noir, le film noir avant l’heure.

Le crime est une constante du genre, tout autant que la promesse de l’ausculter de l’intérieur, du point de vue inespéré d’une galerie de personnages tout sauf ordinaires. Le film noir expose une psychologie complexe du crime et des génies du mal, similaire à celle de la littérature dont les modèles sont souvent issus. Fantômas, révélé dès 1913 au cinéma par Louis Feuillade, et le docteur Mabuse de Fritz Lang sont des personnages emblématiques de la littérature populaire de l’époque. Plus tard, en 1927, The Lodger d’Alfred Hitchcock est tiré du roman à suspense de Marie Belloc Lowndes, basé sur l’histoire de Jack l'Éventreur.

Dans ces films où le drame policier côtoie la critique sociale, l’intrigue s’applique à révéler les réactions que produisent les meurtres sur les personnages qui entretiennent entre eux des liens ambigus. The Informer d’Arthur Robison raconte la trahison d’un partisan de l’IRA dans l’Irlande des années 1920, un geste fou conduit par la colère et la jalousie. A Cottage on Dartmoor scrute la fuite et la folie d’un fugitif. Dans Asphalt de Joe May, le chef opérateur Günther Rittau parvient à rendre une vitalité exceptionnelle au Berlin de la fin des Années folles et aux trajectoires insensées des personnages.

Haut en couleurs, les anti-héros du film noir ne reculent devant aucune trahison, chantage et pression. En 1928, The Racket fait le portrait réaliste d’une Chicago corrompue par la pègre, menée par un gangster largement inspiré d’Al Capone. Quant à Josef von Sternberg, il sublime en 1927 l’organisation criminelle dans Underworld . Les trois protagonistes des bas-fonds de Jenseits der Straße s’empêtrent dans des conflits mortels pour un collier de perles, le tout-puissant gangster interprété par Lon Chaney dans The Penalty est rongé par le sentiment de vengeance, et la rédemption paraît inaccessible à l’ancien criminel de Regeneration (Raoul Walsh, 1915).

Ce cycle propose un aperçu des prémices d’un genre devenu un classique, en perpétuel renouvèlement dans le cinéma et la littérature.


Date:
Le Jeudi 01 Janvier à 01h00


Adresse:
Fondation Jérôme Seydoux-Pathé
73 avenue des Gobelins
75013 Paris

Information ville de Paris
Contenu publié sur le site quefaire.paris.fr
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