Mario Bava ne fut pas qu’un des grands maîtres du cinéma d’horreur. Artiste solitaire et génie travaillant au cœur du système artisanal de la production italienne, Mario Bava a superbement traversé l’âge d’or de la décadence du cinéma transalpin en inscrivant ses productions comme autant de symptômes flamboyants et morbides de ce cinéma. Il offrit au fantastique gothique quelques chefs d’œuvre puis accompagna, après l’extinction du genre, une évolution vers une modernité malade et crépusculaire. Cinéaste de la métamorphose, il confère à l’image de ses films une dimension vivante et organique, soumise à la corruption et au pourrissement. Son importance dans l'histoire du cinéma, entre deuil des classiques et abstraction moderne, n'a sans doute pas encore été assez soulignée.

Jean-François Rauger est directeur de la programmation de la Cinémathèque Française depuis 1992. on lui doit notamment les fameuses soirées "Cinéma bis". Membre du comité de rédaction de la revue Cinéma (Editions Léo Scheer), il est également collaborateur régulier du journal Le Monde depuis 1995. Certains de ses textes sur le cinéma ont été publiés sous le titre L'Oeil qui jouit aux éditions Yellow Now.