Histoire du village

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Histoire du village (1/1)

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Cannes et Clairan

Cannes et Clairan est situé dans la vallée de la Courme. Elle jouxte au sud Crespian et Vic le Fesq, séparé d’Orthoux-Serignac-Quilhan, à l’ouest, par une ligne de collines. Le nord de la commune jouxte les communes de Saint Théodorit et Bragassargues.

L’essentiel de l’habitat se concentre sur le village de Cannes, Clairan étant un hameau.

Cannes et Clairan ont connu deux destins parallèles avant d’être réunis en 1790 (voici l’archive de la révolution qui retrace la création de l’entité « Cannes et Clairan ») 

La première mention de Cannes date de 1313, celle de Clairan de 1273. Cannes compte alors un prieuré, dont dépend Saint-Saturnin de Clairan.

Cannes est le siège d’une Seigneurie, il existe un château, ou une construction fortifiée, ruiné dès le XVI siècle.

L’arrivée du protestantisme lie les paroisses de Cannes et de Clairan : faute de paroissiens elles sont réunies en 1563. Les deux églises sont en ruine au XVII siècle.

A cette période le territoire vit d’une polyculture associant élevage, céréales, huile, vignes et de l’exploitation de la garrigue et des bois communaux.

A la Révolution, l’église de Clairan est vendue, ainsi que les bâtiments ecclésistiques de l’église de Cannes. Ils ont été rachetés par des particuliers et englobés dans les constructions actuelles du village, l’église est rasée en 1893.

En 1857 sont édifiés l’école, la mairie et le temple de Cannes. L’histoire de la commune est aussi marquée par la recherche d’approvisionnement en eau qui fait défaut au village malgré la présence de puits privatifs.

 

 

Camisard

Jean Massip de Cannes et le déclenchement de la guerre des camisards

 

              Les visiteurs du Musée du Désert à Mialet peuvent lire dans la longue liste des galériens pour la foi le nom de Jean Massip (de Cannes). Ce nom est attaché aux évènements déclencheurs de la Guerre des Camisards, durant laquelle quelques dizaines de paysans mal armés, commandés par un boulanger (Cavalier) ou un berger (Rolland) tiendront en échec 20 000 soldats des meilleures troupes du roi et 3000 miliciens pendant deux ans, et qui fera au moins 12 000 morts... Mais qui était ce Jean Massip ?

 

             En fait, il y en avait deux, le père et le fils... Mais il faut d'abord planter le décor. Lorsque l'intégriste Louis XIV signe à Fontainebleau en 1685 la révocation de l'édit de Nantes (1598), il entend bien éradiquer du royaume la religion réformée, et n'y va pas avec le dos de la cuillère : interdiction de tout exercice de cette religion, démolition des temples, bannissement des pasteurs, interdiction d'émigrer sous peine de galères pour les hommes ou de prison pour les femmes, confiscation des biens et autres amabilités... Le service étant (vigoureusement) assuré par quelques régiments de dragons, dont la réputation de délicatesse n'est plus à faire... Bon nombre de protestants du Languedoc font le dos rond, et se convertissent en façade ; le soir, ils détricotent à la maison les mailles de l'endoctrinement catholique que le curé local essaie d'imposer à la messe et au catéchisme (obligatoires, sous peine de dragonnade). Mais d'autres ne peuvent supporter les persécutions et tentent d'émigrer vers les états protestants d'Europe : Hollande, Allemagne ou Suisse, malgré la menace des galères ou de la prison : on estime que le quart des protestants français, soit 200 000 personnes, a émigré ; 60 000 sont passés par Genève entre 1685 et 1715, et jusqu'à 350 par jour en 1687...

 

              C'est là qu'entre en scène, à son corps défendant (il aurait certes préféré passer inaperçu), - Jean Massip (le fils), dit " le guide ", natif de Cannes ; c'est un " passeur", il aide depuis plusieurs années les persécutés à fuir la France. Ce jour de juillet 1702, il s'est engagé à faire passer en Suisse 3 filles et quatre garçons ; mais en  traversant le village du Pont de Montvert ils sont dénoncés, arrêtés et emprisonnés par l'abbé du Chayla,  missionnaire zélé jusqu'à la férocité, qu'on a envoyé convertir les Cévennes comme on l'avait auparavant envoyé au Siam. Il  les enferme à la cave, les pieds serrés entre deux poutres (les ceps), promettant de les pendre au plus tôt... Ils seront délivrés par un groupe d'une cinquantaine de paysans chantant des psaumes, armés de quelques fusils, de faux et de fourches qui, accueillis par un coup de mousquet, enfumeront l'abbé pour le forcer à sortir de la maison où il s'était barricadé... Sautant par la fenêtre, il mourra lardé de coups, chacun voulant venger la perte d'un proche. C'est de ce jour que l'on date de début de la guerre des Camisards...

              Jean Massip pourra se réfugier en Suisse avec ses protégés, s'établira cordonnier à Genève et s'y mariera. Mais son père, resté à Cannes, est condamné aux galères à vie en juin 1703 (il a 76 ans !) et  y meurt en octobre  (c'est son nom  qui figure sur le mémorial des galériens pour la foi au Musée du Désert à Mialet), tandis que sa mère est emprisonnée pour le même motif (avoir hébergé des camisards...)

              Plus de détails : www.camisards.net,  www.chemins-camisards-cevennes.com, plusieurs ouvrages dont les mémoires des principaux chefs camisards, Cavalier (Payot 1973), Mazel, Marion, Bonbonnoux (Presses du Languedoc 1983) et le superbe spectacle de Lionel Astier (oui, celui de Kameloot) La nuit des camisards.

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