C'est une page méconnue de notre histoire vitalienne. Il y a 80 ans, le 15 octobre 1944, les allemands entraient en nombre dans le bourg de Saint-Viaud pour en faire une tête de pont avancée de la poche sud de Saint-Nazaire, et ce afin d’agrandir la forteresse de Saint-Nazaire. Peu de témoins de personnes vivants dans le bourg à l'époque sont parmi nous aujourd'hui. Ils gardent tous en mémoire ces soldats impeccables, défilant au pas. Issus des troupes de sous-mariniers revenus à la base sous-marine, ces soldats vont y rester neuf mois jusqu'au 12 mai 1945 où ils iront se faire faire prisonniers à la Brosse.
Le bourg ressemble alors à une citadelle imprenable, les allemands faisant sauter les ponts des Bouillons et de l'Aumondière, creusant des tranchées dans le bas du Faubourg Saint-Jean pour empêcher les voitures de passer. On ne peut rentrer dans le bourg qu'à pieds.
Ce dimanche matin, rares seront ceux qui iront à la messe, les gens du bourg restant calfeutrés chez eux et ceux de la campagne seront refoulés ou réquisitionnés pour creuser les tranchées. Dans la cave de l'église, un nid de mitraillette y est installé pour surveiller les accès venant du marais et du vallon de l'Aumondière. La mairie est occupée, y compris les classes des garçons (la classe aura lieu dans la gare par la suite). Idem pour le presbytère où le curé et sa bonne sont délogés.
Avec les réfugiés de Paimboeuf évacués depuis le mois d'août 1944, il faut se serrer pour loger tout ce petit monde. Le moulin du bourg sera fortifié et des canons y seront installés pour parer à toute attaque des FFI (on le voit sur ce tableau mis en illustration. Il est l'oeuvre d'un réfugié, M Bizet).
Michel Gautier l'historien de la poche a bien voulu pour les vitaliens et les frossetains revenir sur cette histoire méconnue :
" La première offensive allemande dans la Poche sud le 15 octobre 1944
Contrairement à la Poche nord définitivement constituée et étanche dès la mi-août 1944, la Poche sud se constitua graduellement entre la première quinzaine de septembre et le 21 décembre 1944 où une offensive allemande vers Chauvé et La Sicaudais allait lui donner son contour définitif incluant 11 communes du nord du Pays de Retz.
Une première offensive avait pourtant eu lieu le 15 octobre 1944 à la faveur d’une nuit noyée de bourrasques où les Allemands avancèrent sans opposition sérieuse, enveloppant Saint-Viaud endormi, et occupant à l'aube le bourg de Frossay, le débordant même largement au sud et à l'est. Ce matin-là, de nombreux paroissiens ne parviendront jamais à l'église pour y suivre la messe dominicale de 7 heures. Chevaux, vélos, piétons, tout ce qui remontait vers Frossay par la Raffinière, la Chiquellerie, la Rousselière ou la Peignerie fut intercepté et conduit manu militari dans le taillis de la Peignerie, à proximité de la route Frossay - La Sicaudais. Lentement, les otages s'accumulaient sous la garde d'une mitrailleuse en batterie sur un talus, une cinquantaine de villageois rincés de pluie attendant que les tirs croisés, les éclatements de grenades et de mortier s'apaisent dans les villages voisins où les FFI tentaient de contenir l'offensive. Au château de la Jarrie, une dizaine d'hommes furent retenus, d’autres au village des Virées. À la Masse, d'abord investie par les FFI puis reprise par les Allemands, ceux-ci découvrirent un monceau de douilles et tirèrent sur Marie Mabileau, la fermière.
Ils venaient de conquérir 35 kilomètres carrés de territoires agricoles et donc de nouvelles réserves alimentaires ainsi que de l’armement. Les Posten les plus avancés s'installèrent face à Cordemais, sur une ligne partant du Migron, par le Bois-Péan, la Voirie, la Championnière, la Hamonais, la Jarrie, pour bifurquer au village de la Masse et tirer à l’ouest par la Choltière, la Marie Ave, la Mégerie, la Baulerie, la Peignerie, la Chiquellerie, la Raffinière jusqu’au carrefour des Chiquelais sur la route de Saint-Père-en-Retz.
Les FFI ayant renforcé leurs rangs depuis la mi septembre par l’apport de bataillons extérieurs, s’emploieront les jours suivants à faire payer l’humiliation en harcelant les premières lignes allemandes, avec les conséquences inévitables pour les populations civiles : obus sur les fermes, granges en flammes et cortège d’évacuations jetant sur les routes les populations d’une douzaine de grands villages : la Masure, la Rivaudais et la Voirie, d’abord, puis, une semaine avant la grande offensive de Noël : la Raffinière, la Massonnais, la Ville-Bessac, la Chauvelais, l’Hirondelle, la Peignerie, la Jutière, le Migron et bien sûr les Pins où l’ennemi disposait d’un important cantonnement et de batteries dirigées vers le marais du Tenue.
Dès le mois d’août 1944, les Allemands avaient fait sauter les ponts et les digues permettant l’accès à l’Île Adet. Les familles avaient dû évacuer par des voies submergées ! Depuis le Migron jusqu’à Vue, la Prée de Tenue et les marais de Vue resteront inondés jusqu’à la Libération, et dans ce décor de marécages, les deux armées allaient se mener une guérilla impitoyable. Les villages dominant la Prée de Tenu, étaient sillonnés quotidiennement par des hommes en armes des deux camps. Certains jours, la cave du père Hamon, à la Masure, ne désemplissait pas… Comme en cet après-midi du 21 octobre où les hommes du 2ème bataillon « Patriarche » (de la Haute-Vienne), n’entendirent pas arriver à temps la patrouille allemande. Fuite éperdue vers la Prée où Robert Laprade, Pierre Lanini et René Gourinchas furent fauchés par une mitrailleuse.
Les Allemands creusèrent des tranchées sur les hauteurs ; des nids de mitrailleuses et des batteries furent installées derrière la Masure, entre Beaumont et la Moinerie, permettant de contrôler la Prée de Tenu et les deux charrières qui descendaient vers l’Ile Adet et les Champs Neufs, sur le canal de la Basse-Loire. Le 28 octobre, c’est une patrouille allemande en tournée de ravitaillement qui tomba dans une embuscade après avoir volé une vache à la Gournière. À la ferme du Logis, les Allemands effectuèrent une fouille en règle, terrorisant la famille Foucher, alignée devant sa maison ; faute de capturer des FFI, ils emportèrent charniers, lard et boudins. Accrochages aux Carrières, à la Pichonnière… Interminable litanie de morts et blessés des deux camps. Ajouter les vols de matériel agricole pour édifier des barrages, les paillers qui brûlent, les toitures défoncées par les obus, l’abattage des chiens, le vol continu des volailles et des porcs, la razzia des bovins et même le vol des chevaux de l’île de la Maréchale le 26 novembre 1944. Au milieu de ce charivari, les paysans continuaient néanmoins de rentrer les betteraves et d’emblaver le blé… Pendant que sur l’autre rive, on voyait aussi brûler des fermes entre Cordemais et Saint-Etienne-de-Montluc."
Vous pouvez trouver plus de renseignement sur ce site :
http://chemin-memoire39-45paysderetz.e-monsite.com/pages/poche-st-nazaire/
Le bourg ressemble alors à une citadelle imprenable, les allemands faisant sauter les ponts des Bouillons et de l'Aumondière, creusant des tranchées dans le bas du Faubourg Saint-Jean pour empêcher les voitures de passer. On ne peut rentrer dans le bourg qu'à pieds.
Ce dimanche matin, rares seront ceux qui iront à la messe, les gens du bourg restant calfeutrés chez eux et ceux de la campagne seront refoulés ou réquisitionnés pour creuser les tranchées. Dans la cave de l'église, un nid de mitraillette y est installé pour surveiller les accès venant du marais et du vallon de l'Aumondière. La mairie est occupée, y compris les classes des garçons (la classe aura lieu dans la gare par la suite). Idem pour le presbytère où le curé et sa bonne sont délogés.
Avec les réfugiés de Paimboeuf évacués depuis le mois d'août 1944, il faut se serrer pour loger tout ce petit monde. Le moulin du bourg sera fortifié et des canons y seront installés pour parer à toute attaque des FFI (on le voit sur ce tableau mis en illustration. Il est l'oeuvre d'un réfugié, M Bizet).
Michel Gautier l'historien de la poche a bien voulu pour les vitaliens et les frossetains revenir sur cette histoire méconnue :
" La première offensive allemande dans la Poche sud le 15 octobre 1944
Contrairement à la Poche nord définitivement constituée et étanche dès la mi-août 1944, la Poche sud se constitua graduellement entre la première quinzaine de septembre et le 21 décembre 1944 où une offensive allemande vers Chauvé et La Sicaudais allait lui donner son contour définitif incluant 11 communes du nord du Pays de Retz.
Une première offensive avait pourtant eu lieu le 15 octobre 1944 à la faveur d’une nuit noyée de bourrasques où les Allemands avancèrent sans opposition sérieuse, enveloppant Saint-Viaud endormi, et occupant à l'aube le bourg de Frossay, le débordant même largement au sud et à l'est. Ce matin-là, de nombreux paroissiens ne parviendront jamais à l'église pour y suivre la messe dominicale de 7 heures. Chevaux, vélos, piétons, tout ce qui remontait vers Frossay par la Raffinière, la Chiquellerie, la Rousselière ou la Peignerie fut intercepté et conduit manu militari dans le taillis de la Peignerie, à proximité de la route Frossay - La Sicaudais. Lentement, les otages s'accumulaient sous la garde d'une mitrailleuse en batterie sur un talus, une cinquantaine de villageois rincés de pluie attendant que les tirs croisés, les éclatements de grenades et de mortier s'apaisent dans les villages voisins où les FFI tentaient de contenir l'offensive. Au château de la Jarrie, une dizaine d'hommes furent retenus, d’autres au village des Virées. À la Masse, d'abord investie par les FFI puis reprise par les Allemands, ceux-ci découvrirent un monceau de douilles et tirèrent sur Marie Mabileau, la fermière.
Ils venaient de conquérir 35 kilomètres carrés de territoires agricoles et donc de nouvelles réserves alimentaires ainsi que de l’armement. Les Posten les plus avancés s'installèrent face à Cordemais, sur une ligne partant du Migron, par le Bois-Péan, la Voirie, la Championnière, la Hamonais, la Jarrie, pour bifurquer au village de la Masse et tirer à l’ouest par la Choltière, la Marie Ave, la Mégerie, la Baulerie, la Peignerie, la Chiquellerie, la Raffinière jusqu’au carrefour des Chiquelais sur la route de Saint-Père-en-Retz.
Les FFI ayant renforcé leurs rangs depuis la mi septembre par l’apport de bataillons extérieurs, s’emploieront les jours suivants à faire payer l’humiliation en harcelant les premières lignes allemandes, avec les conséquences inévitables pour les populations civiles : obus sur les fermes, granges en flammes et cortège d’évacuations jetant sur les routes les populations d’une douzaine de grands villages : la Masure, la Rivaudais et la Voirie, d’abord, puis, une semaine avant la grande offensive de Noël : la Raffinière, la Massonnais, la Ville-Bessac, la Chauvelais, l’Hirondelle, la Peignerie, la Jutière, le Migron et bien sûr les Pins où l’ennemi disposait d’un important cantonnement et de batteries dirigées vers le marais du Tenue.
Dès le mois d’août 1944, les Allemands avaient fait sauter les ponts et les digues permettant l’accès à l’Île Adet. Les familles avaient dû évacuer par des voies submergées ! Depuis le Migron jusqu’à Vue, la Prée de Tenue et les marais de Vue resteront inondés jusqu’à la Libération, et dans ce décor de marécages, les deux armées allaient se mener une guérilla impitoyable. Les villages dominant la Prée de Tenu, étaient sillonnés quotidiennement par des hommes en armes des deux camps. Certains jours, la cave du père Hamon, à la Masure, ne désemplissait pas… Comme en cet après-midi du 21 octobre où les hommes du 2ème bataillon « Patriarche » (de la Haute-Vienne), n’entendirent pas arriver à temps la patrouille allemande. Fuite éperdue vers la Prée où Robert Laprade, Pierre Lanini et René Gourinchas furent fauchés par une mitrailleuse.
Les Allemands creusèrent des tranchées sur les hauteurs ; des nids de mitrailleuses et des batteries furent installées derrière la Masure, entre Beaumont et la Moinerie, permettant de contrôler la Prée de Tenu et les deux charrières qui descendaient vers l’Ile Adet et les Champs Neufs, sur le canal de la Basse-Loire. Le 28 octobre, c’est une patrouille allemande en tournée de ravitaillement qui tomba dans une embuscade après avoir volé une vache à la Gournière. À la ferme du Logis, les Allemands effectuèrent une fouille en règle, terrorisant la famille Foucher, alignée devant sa maison ; faute de capturer des FFI, ils emportèrent charniers, lard et boudins. Accrochages aux Carrières, à la Pichonnière… Interminable litanie de morts et blessés des deux camps. Ajouter les vols de matériel agricole pour édifier des barrages, les paillers qui brûlent, les toitures défoncées par les obus, l’abattage des chiens, le vol continu des volailles et des porcs, la razzia des bovins et même le vol des chevaux de l’île de la Maréchale le 26 novembre 1944. Au milieu de ce charivari, les paysans continuaient néanmoins de rentrer les betteraves et d’emblaver le blé… Pendant que sur l’autre rive, on voyait aussi brûler des fermes entre Cordemais et Saint-Etienne-de-Montluc."
Vous pouvez trouver plus de renseignement sur ce site :
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