Percevons-nous le risque correctement ? Explication du manque de participation citoyenne à la sécurité locale
La participation citoyenne est une dimension fondamentale de la chaîne d’alerte et de la sécurité locale. La transmission d’informations en temps réel est la clé pour une intervention rapide et efficace des services de secours. Il est nécessaire de mettre en place des outils numériques favorisant l’engagement de tous les acteurs des territoires exposés.
Info-Flash permet à ses utilisateurs de signaler tous dysfonctionnements, dégradations ou incidents sur la voie publique. Les informations sont relayées en temps réel aux services de la ville concernée. Ce dispositif permet ainsi de mutualiser l’information qui sera partagée à l’ensemble des services d’intervention.
L’enjeu ici, est de comprendre les éléments qui influencent la participation des citoyens à la sécurité locale. Nous allons voir deux éléments fondamentaux dans cet article : la perception du risque, et la diffusion de la responsabilité.
Une perception du risque déconnectée de la réalité
Quelle est la probabilité qu’une catastrophe nucléaire se produise en France dans les prochaines années ?
0.001 % ? 0.000001 % ?
Et quelle serait la probabilité qu’une attaque terroriste touche le territoire français dans les prochaines années ?
2 % ? 0.1 %, moins ?
Les réponses varient d’un individu à un autre. Elles sont parfois diamétralement opposées.
Il est impossible de calculer la probabilité d’occurrence d’un risque, car celui-ci est intrinsèquement imprévisible. Les experts définissent une marge d’erreur, la plus faible possible, pour l’anticiper au mieux.
Les recherches en psychologie du risque ont démontré que la perception de la population est influencée par les conséquences perçues ainsi que la connaissance de l’aléa.
Prenons l’exemple des crashs d’avions.
C’est un événement rare, mais dont les conséquences sont dramatiques. Les médias couvrent systématiquement chaque incident pendant plusieurs jours. Ajoutez à cela l’impact des productions cinématographiques qui dépeignent des portraits fantasmés, et l’on obtient une perception du risque déconnectée de la réalité.
Ainsi, les crashs d’avions sont estimés plus fréquents qu’ils ne le sont en réalité et impliquant plus de victimes que les accidents de voiture.
En d’autres termes, moins les individus ont de connaissance sur le type d’incident, plus les conséquences sont jugées graves et plus la probabilité d’occurrence perçue de l’incident sera élevée.
Mais qu’en est-il des risques sous-estimés ?
L’épidémie de la Covid-19 est jugée « contrôlée » en France, lorsque le nombre de nouveaux cas n'excède pas 2 000, et le nombre de décès 400.
Or, comme l’a fait remarquer le docteur Benjamin Clouzeau, cela équivaut à un crash d’avion par jour !
La perception du risque est intrinsèquement biaisée.
Dans le cas de la participation citoyenne à la chaîne d’alerte, il est possible qu’un risque soit sous-estimé et ne fasse pas l’objet d’un signalement.
Avoir connaissance de ces distorsions est un premier pas dans l’engagement citoyen à la sécurité locale.
Mais qu’en est-il des risques immédiats ?
Difficile de ne pas percevoir le risque ou de le sous-estimer, lorsqu’il s’impose à nous.
Mais dans ce cas de figure, un autre élément biaise le passage à l’action :
La diffusion de la responsabilité.
La diffusion de la responsabilité
En mai 1964, Kitty Genovese est agressée puis assassinée en bas de son domicile à New York.
L’agression dura une vingtaine de minutes, durée pendant laquelle 12 personnes observèrent la scène depuis la fenêtre de leur appartement.
Pourtant, les témoins n’ont pas signalé l’agression.
Étaient-ils dénués d’empathie, craintifs des représailles de l’agresseur, ou peu enclins à s’investir dans la démarche de témoigner auprès des agents de police ?
Les chercheurs Darley et Latané, expliquent ce phénomène par la diffusion de la responsabilité, aussi appelé, l’effet témoin.
Les personnes présentes ont pensé qu’un autre témoin de la scène se chargerait d’appeler les secours.
Pour appuyer leur théorie, Darley et Latané ont mis en place une expérience durant laquelle un participant isolé dans une pièce communiquait avec plusieurs autres personnes par interphone.
Le participant pensait échanger avec plusieurs autres membres de l’expérience, répartis dans différentes salles. Or, il s’agissait de voix pré-enregistrées.
Après un bref tour de présentation, l’un des participants fictifs simule une crise d’épilepsie. Les chercheurs observent alors le temps nécessaire à l’appel des secours en fonction du nombre de personnes supposément présentes.
Les conclusions de l’étude montrent que, plus le participant pense être entouré d’un grand nombre de personnes, et plus il mettra du temps avant de donner l’alerte.
La simple connaissance de « la diffusion de responsabilité » permet de réduire drastiquement ses effets.
En conclusion
Le risque est par nature incertain et imprévisible. Il est difficile de prendre la décision de signaler un incident sans prendre le risque de commettre une erreur ou d’exagérer la gravité de l’événement.
Mais dans bien des cas, la transmission d’informations, même minimes, est précieuse.
Les différents biais évoqués au cours de l’article doivent être renseignés aux populations, afin de consolider la participation citoyenne à la chaîne d’alerte et de secours.
En cas d’urgence, il ne faut pas hésiter à contacter les numéros de secours tels que le 112, le 17 ou le 15.
Info-Flash agit pour améliorer la prévention des risques locaux. Les utilisateurs peuvent s’impliquer dans la sécurité de leur ville en relayant les informations aux autres utilisateurs ainsi qu’aux autorités locales.
Vous pouvez signaler en quelques clics la présence d’un danger potentiel, le dysfonctionnement d’un système de sécurité ou une dégradation sur la voie publique.
La sécurité collective nous concerne tous, nous pouvons tous agir.